Dans les ports de croisières
Sur l’air d’Amsterdam de Jacques Brel
Goguette de Lutjanus et Brancuzi
Dans les ports des croisières
Y’a des riv’rains qui chantent
Les paqu’bots qui les hantent
Au large des estuaires
Dans les ports des croisières
Y’a des riv’rains qui dorment
A l’ombre des lumières
De ces bateaux énormes
Dans les ports des croisières
Y’a des riv’rains qui meurent
Parc’qu’on pollue leur air
Aux premières lueurs
Mais dans les ports des croisières
Y’a des riv’rains qui naissent
Dans les fumées épaisses
Qui noirciss’ leurs chaumières
Dans les ports des croisières
Y’a des riv’rains qui luttent
Pour provoquer la chute
Des vaisseaux de l’Enfer
Ils leur montrent leurs dents
A croquer la fortune
A décroisser la lune
A bouffer des haubans
Et ça sent l’air vicié
Jusque dans l’coeur des gosses
Qui d’un asthme précoce
Se retrouvent affligés
Puis se lèvent en toussant
Dans un bruit de soufflet
Et renoncent à regret
A leurs plaisirs d’enfants
Dans les ports des croisières
Y’a des riv’rains qui pèchent
Rougets, sardines et seiches
Pour une paie de misère
Et ils sondent et ils ferrent
Comme des acharnés
Mais dans l’eau polluée
Les viviers sont déserts
Car les oxydes de soufre
Qui sortent des scrubbers
Mènent au bord du gouffre
Les familles de pêcheurs
Tout ça pour satisfaire
Ces paq’bots de malheur
Ces romaines galères
Qui usent les travailleurs
Dans les ports des croisières
Y’a des riv’rains qui rament
Et qui rament et rerament
Et qui rerament encore
Ils rament à la santé
Des habitants d’ici
De Venise et d’ailleurs
Qui sont en lutte aussi
Qui opposent leurs corps
A ces monstres qui tuent
Exploitent les travailleurs
Empoisonnent et polluent
Et sous la fumée noire
De ces Léviathans
Les riv’rains maintenant
Résistent au désespoir