Le samedi 21 septembre, à 6h30, des militant.es des collectifs Extinction Rebellion et Stop Croisières ont bloqué la passe nord du grand port maritime de Marseille sur des canoës pour dénoncer la destruction du patrimoine maritime par l’industrie de la croisière.
MSC World Europa, AIDAstella et Costa Smeralda empêchés d’accoster
Le blocage des 3 paquebots MSC World Europa, AIDAstella et Costa Smeralda a duré 2h avant que les militant.es ne soient évacué.es par les forces de l’ordre. Sur les 20 personnes interpellées, toutes ont été relâchées en début d’après-midi.
Cette action s’inscrit dans la série d’actions menées cet été par le collectif Européen ECAN, avec une campagne ayant mené des actions menées dans 20 villes portuaires.
Destruction du patrimoine maritime par l’industrie des croisières
Par cette action, les collectifs dénoncent le détournement du littoral, patrimoine maritime commun, pour une activité privée de loisirs et l’enrichissement de quelques-uns, le bénéfice économique étant capté par les compagnies de croisières et non par la ville, au détriment de la santé des riverain.es, de l’environnement et de la mer. Le littoral, riche de par l’air marin et frais qu’il pourrait apporter, devient de plus en plus une source de nuisances pour les marseillais.es, apportant particules fines, suies et maladies pulmonaires.
Extinction Rebellion et Stop Croisières s’opposent à la place croissante que prend le tourisme de croisière dans la ville de Marseille et dans son port. Avec 2.5 millions de croisiéristes reçus en 2023 (1 million de plus que l’année précédente) contre 1.5 millions de passagers de ferrys, le port de Marseille est devenu avant tout un port de croisières. Aucune réflexion collective n’a été mise en place et les marseillais.es n’ont pas eu leur mot à dire sur cette évolution.
Cet été a été le plus chaud jamais enregistré, les canicules marines se répètent, avec une mer Méditerranée à 30 degrés en surface étouffant les créatures marines et les catastrophes naturelles devient de plus en plus fréquentes (incendie géant aux portes d’Athènes et à Madère, records de température en arctique). Malgré les appels répétés à la sobriété du secrétaire général de l’ONU, malgré l’indéniable et urgent besoin de réduire nos impacts sur la biodiversité et le climat, l’industrie des croisières poursuit sa course aux excès. Toujours plus, toujours plus grand, toujours plus extravagant.
Stop Croisières et Extinction Rebellion appellent à penser dès maintenant la planification de la fin des croisières, pour accompagner la reconversion du port vers des activités utiles socialement en préservant les emplois, à rediriger les projets d’électrification des quais vers les ferrys et le chantier naval, à renoncer au projet de nouveau terminal d’accueil de croisières de luxe au J4 et à une communication ouverte et transparente sur les impacts sanitaires et environnement de l’industrie des croisières.
Profitons des Journées Européennes du Patrimoine, mettant cette année le patrimoine maritime à l’honneur, pour penser collectivement comment valoriser ce patrimoine commun. Souhaitons-nous en faire un objet de consommation ou un lieu de vie et d’hospitalité ? Comment préserver la richesse de ce bien commun, et en imaginer un partage qui ne mette pas en péril la santé des un.es pour l’enrichissement d’une poignée d’autres ?