Manifeste ECAN – European Cruise Activitst Network

Suite au lancement du mouvement ECAN à Venise le 10 septembre 2022, une réunion des mouvements contre les croisières en Méditerranée s’est tenue le 15 avril 2023 à Barcelone. Dans ce cadre, les organisations participantes ont décidé de s’accorder sur un cadre commun contre cette industrie touristique. L’essor du tourisme de croisière en Méditerranée coïncide avec la manifestation évidente d’une triple crise : climatique, énergétique et des ressources. Ces crises sont intrinsèquement liées à un modèle économique qui permet, légitime et promeut le tourisme de masse et creuse les inégalités. Les organisations participantes appellent à des actions politiques qui tendent à supprimer l’activité des croisières, à promouvoir des alternatives économiques moins polluantes dans les territoires affectés, à une meilleure réglementation environnementale du secteur maritime ainsi qu’à une sensibilisation générale de la population.

Les croisières sont le moyen de transport le plus polluant par personne et par kilomètre, selon l’International Council of Clean Transportation. Le grand nombre de personnes qu’ils transportent et les activités de loisirs qui s’y déroulent, axées sur la consommation, génèrent une immense quantité de pollution, de déchets et de résidus. La pollution atmosphérique, causée par des carburants extrêmement toxiques est un problème à la fois pour les riverains et pour l’environnement. C’est une contradiction flagrante : les villes promeuvent des mesures plus ou moins efficaces pour réduire la pollution générée par le trafic routier, mais autorisent des niveaux de pollution astronomiques générés par les croisières. Il s’agit là d’une nouvelle démonstration que les atteintes à l’environnement sont négligées au profit d’intérêts privés de court terme. 

Au-delà des effets sur la santé et l’environnement, l’impact négatif des croisières se traduit également dans la ville sous la forme du tourisme de masse. L’expulsion de la population en raison de la hausse des prix et du manque de services de base sur le lieu de résidence, les effets de stress sur l’espace public (concentration des flux touristiques aux mêmes endroits), la transformation du commerce – devenu touristique – et les problèmes de mobilité en sont les signes les plus courants et les plus évidents. Aussi, le modèle de la croisière repose sur des règles injustes : les retombées économiques sur les territoires ne compensent pas les frais que ceux-ci doivent débourser pour les dégâts sur la santé des travailleur.eus.s et des habitant.e.s. Le jeu des pavillons de complaisances permet également aux armateurs de se soustraire aux impôts et aux réglementations sur le travail qui ont lieu en Europe.

Enfin, dans un contexte de pénurie et de rationnement énergétique, il est urgent et prioritaire d’intervenir dans les secteurs climaticides et fortement consommateurs d’énergie, en particulier dans le secteur des croisières, en raison des impacts sociaux, environnementaux et sanitaires élevés et inacceptables qu’il génère. D’autant plus que des alternatives bas carbone et plus inclusives existent (train, bus, voiliers, …).

La crise climatique nous oblige à des changements qui doivent primer sur la recherche du profit. C’est pourquoi nous pensons que la Méditerranée doit rejeter les croisières et opter pour un autre modèle. Nous pensons que cette transition doit se faire avec les travailleurs du secteur

En tant que réseau de mouvements et de collectifs qui subissent les effets de l’industrie des croisières, nous avons décidé de lutter ensemble. En conséquence, les organisations signataires se sont mises d’accord sur la nécessité de s’organiser pour obtenir les mesures suivantes :

  • La réduction drastique de l’activité des croisières en Méditerranée et en Europe, en planifiant leur disparition.
  • Le lancement de campagnes de sensibilisation et d’explication des conséquences de l’industrie des croisières, tant pour les habitants des villes qui en subissent les conséquences que pour les clients et les travailleurs eux-mêmes. 
  • La l’interdiction immédiate des extensions portuaires destinées à la filière des croisières.
  • La dénonciation des fausses solutions telles que le GNL, les scrubbers ou  l’électrification des quais, car aucune de ces technologies actuelles et futures n’empêchera un navire de polluer.
  • La reconversion du secteur touristique dans les villes, afin d’améliorer les modes de mobilité plus durables et de renforcer les secteurs économiques plus justes d’un point de vue social et environnemental. Nous proposons de travailler sur ces processus avec les travailleurs et leurs syndicats. 
  • Promouvoir l’entrée en vigueur avant 2025 des zones de contrôle des émissions de soufre et d’azote (SOx et NOx) sans scrubber en Méditerranée.
  • L’expansion et le maintien d’un effort commun dans toute la Méditerranée pour faire de ces demandes une réalité, en tenant compte des inégalités Nord-Sud globales.

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